Sainte Jeanne d'Arc
Biographie
Source : wikipedia
Sainte Jeanne d'Arc naquit en 1412 à Domremy, un village du duché de Bar, situé sur les bords de la Meuse, qui était alors une zone de passage et de frontières complexes dominée par l’influence française (actuellement dans le département des Vosges en Lorraine), et mourut sur le bûcher le 30 mai 1431 à Rouen, capitale du duché de Normandie alors possession anglaise. Surnommée « la Pucelle d'Orléans », elle est une héroïne de l'histoire de France, qui délivra Orléans et su rendre espoir aux Français aux heures les plus sombres de la guerre de Cent ans et Sainte de l'Église Catholique.
Sommaire
Sa vie à Domremy Paris
Jeanne entend des voix Compiègne (capture)
A Chinon, devant Charles VII L'exécution
La délivrance d'Orléans La réhabilitation
Domremy
1412
La naissance de Jeanne d'Arc se situe vraisemblablement dans la ferme familiale du père de Jeanne attenante à l'église de Domremy, village situé aux marches de la Champagne, du Barrois et de la Lorraine, pendant la guerre de Cent Ans qui opposait le royaume de France au royaume d'Angleterre. La date exacte de la naissance de Jeanne d'Arc demeure historiquement incertaine mais l'année 1412 est retenue par recoupement, car les registres paroissiaux n’existaient pas encore. En revanche, la date du 6 janvier est plus discutable car elle ne repose que sur un seul texte celui de Perceval de Boulainvilliers qui en donne un récit empreint de merveilleux.
Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée, Jeanne appartient à une famille de cinq enfants : elle a 3 frères (Jacques appelé aussi Jacquemin, Pierre et Jean) et une sœur appelée Catherine.
Le père de Jeanne, Jacques, est désigné comme « pauvre laboureur » par des témoins du procès de réhabilitation de la Pucelle dans les années 1450. Cependant, un laboureur n'est pas pauvre puisque ce type de paysan aisé possède des terres et des bêtes. Jacques d’Arc a en effet une certaine aisance puisqu’il prend en 1420 en bail la maison forte de l’Ile pour y abriter ses animaux menacés par les pillages des troupes qui parsèment la région..
Maison natale
Sa maison est construite en pierre, ce qui est aussi le signe d’un certain niveau social. Devenue dès le XVIe siècle un lieu de mémoire de Jeanne d’Arc elle a été très transformée au cours des siècles : elle est aujourd’hui très différente de la ferme où vivait la famille d’Arc. Néanmoins des analyses de la pierre et du bois de la construction montrent que la partie arrière de la maison (soit les deux pièces du fond) est bien de l’époque de Jeanne.
Bénéficiant d'une certaine notoriété à Domremy et dans les environs, le père de Jeanne représente à plusieurs reprises la communauté des villageois auprès des autorités.
Sa vie à Domremy
Jeanne fut décrite par tous les témoins comme très pieuse ; elle aimait notamment se rendre en groupe, chaque samedi à la chapelle de Bermont, près de Greux, pour y prier la Vierge Marie. Lors du procès de nullité de 1456, ses voisins rapportent qu'à cette époque, elle fait les travaux de la maison (ménage, cuisine), file de la laine et le chanvre, aide aux moissons ou garde occasionnellement des animaux quand c'est le tour de son père. Cette dernière activité est cependant loin du mythe de la bergère qui utilise le registre poétique de la pastourelle et le registre spirituel du Bon berger de la Bible. Cette légende de la bergère résulte probablement de la volonté des Armagnacs de transmettre cette image (plus symbolique qu'une simple fille de paysan) pour montrer que des gens simples pouvaient aider le chef de la chrétienté du royaume de France et guider son armée, illuminée par la foi.
Pour ce qui est de sa vie quotidienne à Domremy avant son départ, voici ce que répond Jeanne à ses juges, lors de son procès de condamnation : « Interrogée si, dans sa jeunesse elle avait appris quelque métier, elle dit que oui, à coudre les pièces de lin et à tisser, et elle ne craignait point femme de Rouen pour tisser et coudre » (deuxième séance publique du procès, 22 février 1431). Et le surlendemain, 24 février : « Interrogée si elle conduisait les animaux aux champs, elle dit qu'elle avait répondu à un autre moment à ce sujet, et que, après qu'elle soit devenue plus grande et qu'elle eût l'âge de raison, elle ne gardait pas habituellement les animaux, mais aidait bien à les conduire aux prés, et à un château appelé l'Île, par crainte des gens d'armes ; mais qu'elle ne se souvenait pas si dans son enfance, elle les gardait ou non. »
Jeanne entend des Voix
Tableau de Bastien Lepage (1879)
Parmi les sources évoquant « la voix » (initialement au singulier) entendue par Jeanne d'Arc, on compte d'abord la lettre du conseiller royal Perceval de Boulainvilliers, datée du 21 juin 1429, ainsi qu'une lettre d'Alain Chartier en août de la même année. L’instrumentum du procès de condamnation fournit ensuite davantage de précisions. Ainsi, le 22 février 1431, Jeanne d'Arc soutient devant ses juges qu'à treize ans, alors qu'elle se trouvait dans le jardin de son père, elle reçut pour la première fois une « révélation de Notre Seigneur par une voix qui l'enseigna à soi gouverner » ; la jeune fille en demeure initialement effrayée.
Ultérieurement, Jeanne identifie les voix célestes des saintes Catherine et Marguerite et de l'archange saint Michel lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. Dès lors, sa piété s’accroit, à tel point que les jeunes du village qui n'hésitent pas à se moquer de sa trop grande ferveur religieuse. Ayant fait vœu de garder sa virginité, pour rester disponible à la mission que Dieu lui confie, elle va jusqu'à rompre ses fiançailles ce qui lui vaut d’être convoquée par son promis devant l'official du diocèse de Toul où elle gagne son procès en révélant son vœu.
De Domremy à Chinon
(1428 – février 1429)
Lorsque les nouvelles du siège d'Orléans parviennent à Jeanne d'Arc en décembre 1428 ou en janvier 1429, les voix se montrent plus insistantes. Elle demande alors à son père l'autorisation d'aller à Burey, village sis près de Domremy, sous prétexte d'aider aux relevailles d'une cousine germaine également prénommée Jeanne. Jeanne d'Arc parvient à convaincre Durand Laxart, l'époux de sa cousine, de l'emmener — sans permission parentale — rencontrer Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domremy. Demandant à s'enrôler dans les troupes du Dauphin pour se conformer à une prophétie locale qui évoquait une pucelle des marches de Lorraine salvatrice de la France, elle demande audience à Robert de Baudricourt en vue d'obtenir de lui une lettre qui lui ouvrirait les portes de la Cour. Le seigneur local la prend pour une affabulatrice ou une illuminée et conseille à Laxart de ramener sa cousine chez ses parents après lui avoir administré une bonne gifle.
Vaucouleurs
La « porte de France », vestige du château
Jeanne revient s'installer à Vaucouleurs en 1429 pendant trois semaines. Elle loge chez Henri et Catherine Le Royer. La population lui apporte instinctivement son soutien, exprimant ainsi une forme de résistance populaire aux Anglais et partisans bourguignons.
Dotée d'un grand charisme, la jeune paysanne illettrée acquiert une certaine notoriété de guérisseuse lorsque le duc malade Charles II de Lorraine lui donne un sauf-conduit pour lui rendre visite à Nancy : elle ose promettre au souverain de prier pour sa guérison en échange de l'abandon par le duc de sa maîtresse la belle Alison Du May et d'une escorte menée par René d'Anjou, gendre du duc et beau-frère du Dauphin Charles, pour libérer la France.
Départ pour Chinon
Elle finit par être prise au sérieux par Baudricourt, après qu'elle lui a annoncé par avance la journée des Harengs et l'arrivée concomitante de Bertrand de Poulengy, jeune seigneur proche de la maison d'Anjou et de Jean de Novellompont, dit de Metz. Il lui donne une escorte de six hommes : les deux écuyers Jean de Metz et Bertrand de Poulengy qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son parcours, ainsi qu'un courrier, le messager royal Colet de Vienne, chacun accompagné de son serviteur (Julien et Jean de Honnecourt ainsi que Richard L'Archer). Ce sont les premiers compagnons d'armes de Jeanne d'Arc.
Avant de partir pour Chinon, Jeanne d'Arc revêt des habits masculins, vraisemblablement une robe mi-courte de couleur noire procurée par l'un des serviteurs de Jean de Metz. La jeune femme se fait couper les cheveux par Catherine Le Royer et arbore dès lors la coupe « en écuelle » ou en « sébile » à la mode masculine de l'époque, autrement dit la chevelure taillée en rond au-dessus des oreilles, avec la nuque et les tempes rasées. Elle conservera ce genre vestimentaire et cette coiffure jusqu'à sa mort, excepté pour sa dernière fête de Pâques.
Le départ de Vaucouleurs, Jean-Jacques Scherrer, Hôtel de Ville de Vaucouleurs, 1886-1887
Jeanne d'Arc conduite devant le roi Charles VII à Chinon
Le petit groupe de voyageurs traverse sans encombre les terres bourguignonnes et arrive à Chinon où Jeanne d'Arc est finalement autorisée à voir Charles VII, après réception d'une lettre de Baudricourt.
La légende raconte qu'elle fut capable de reconnaître Charles, vêtu simplement au milieu de ses courtisans. En réalité, arrivée à Chinon le mercredi 23 février 1429, elle n'est reçue par Charles VII que deux jours plus tard, non dans la grande salle de la forteresse, mais dans ses appartements privés, lors d'une entrevue au cours de laquelle elle lui parle de sa mission.
Considérant que seul le sacre à Reims confère la dignité royale, la Pucelle s'adresse à Charles VII en usant du titre de « Dauphin ». La grande réception devant la Cour à l'origine de la légende n'aura lieu qu'un mois plus tard. Jeanne est logée dans la tour du Coudray. Jeanne annonce clairement quatre événements : la libération d'Orléans, le sacre du roi à Reims, la libération de Paris et la libération du duc d'Orléans.
À Chinon, les épouses de Robert de Baudricourt et de Robert Le Maçon, supervisées par Yolande d'Aragon, belle-mère du roi, certifient la virginité et la féminité de Jeanne d'Arc. Celle-ci est ensuite interrogée par des clercs et docteurs en théologie à Poitiers, qui attestent ses qualités : « humilité, virginité, dévotion, honnêteté, simplicité. » Les théologiens conseillent, « attendu la nécessité du royaume », de lui demander un signe démontrant qu'elle parle effectivement au nom de Dieu. La Pucelle rétorque en assimilant ce signe à une action restant à accomplir : la levée du siège d'Orléans.
Jeanne d'Arc conduite devant le roi Charles VII à Chinon
Cette enluminure appartient à une série peinte à la fin du XVe siècle afin d'orner Les Vigiles de Charles VII, manuscrit de Martial d'Auvergne.
Jeanne à Orléans
Le 27 avril 1429, Jeanne d'Arc est envoyée par le roi à Orléans, non pas à la tête d'une armée, mais avec un convoi de ravitaillement qui longe la Loire sur la rive gauche. Ses frères la rejoignent. On l'équipe d'une armure et d'une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrit Jesus Maria, qui est aussi la devise des ordres mendiants (les dominicains et les franciscains).
En partance de Blois pour Orléans, Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques.
Arrivée à Orléans le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre Jean d'Orléans, dit « le Bâtard d'Orléans », futur comte de Dunois. Elle est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre sont réservés. Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvient, bien que blessée par un carreau d’arbalète, à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.
En raison de cette victoire (célébrée à Orléans du XVe siècle jusqu’à nos jours au cours des « Fêtes johanniques » qui se tiennent chaque année du 29 avril au 8 mai), on la surnomme la « Pucelle d'Orléans »
Le sacre de Charles VII à Reims
Après la sécurisation de la vallée de la Loire grâce à la victoire de Patay le 18 juin 1429, remportée face aux Anglais, Jeanne se rend à Loches et persuade le Dauphin d'aller à Reims se faire sacrer roi de France.
Pour arriver à Reims, l'équipée doit traverser des villes sous domination bourguignonne, qui n'ont pas de raison d'ouvrir leurs portes, et que personne n'a les moyens de contraindre militairement.
Selon Dunois, le coup de bluff aux portes de Troyes entraîne la soumission de la ville mais aussi de Châlons-en-Champagne et de Reims. Dès lors, la traversée est possible.
Le 17 juillet 1429, dans la cathédrale de Reims, en présence de Jeanne d'Arc, Charles VII est sacré par l'archevêque Regnault de Chartres. Le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, en tant que pair du Royaume, est absent ; Jeanne lui envoie une lettre le jour même du sacre, pour lui demander la paix.
L'effet politique et psychologique de ce sacre est majeur. Reims étant au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons et hautement symbolique, il est interprété par beaucoup à l'époque comme le résultat d'une volonté divine. Il légitime Charles VII, qui était déshérité par le traité de Troyes.
Jeanne à Paris
Dans la foulée du sacre, Jeanne d'Arc tente de convaincre le roi de reprendre Paris aux Bourguignons et aux Anglais, mais il hésite. Après s'être arrêtée au château de Monceau, Jeanne mène une attaque sur Paris le 8 septembre 1429, mais elle est blessée par un carreau d'arbalète lors de l'attaque de la porte Saint-Honoré. L'attaque est rapidement abandonnée et Jeanne est ramenée au village de la Chapelle.
Le roi finit par interdire tout nouvel assaut : l'argent et les vivres manquent et la discorde règne au sein de son conseil. C'est une retraite forcée vers la Loire, l'armée est dissoute. Jeanne repart néanmoins en campagne : envoyée par le roi mener des opérations secondaires. Entraîneuse d'hommes, qu'elle sait galvaniser, elle dispose d'une maison militaire avec une écurie de coursiers, un écuyer et un héraut. Ses troupes luttent contre des capitaines locaux, mais sans beaucoup de succès.
En octobre, Jeanne participe au siège de Saint-Pierre-le-Moûtier avec l'armée royale. Le 4 novembre 1429, « la Pucelle » et Charles d'Albret s'emparent de Saint-Pierre-le-Moûtier. Le 23 novembre, ils mettent le siège devant La Charité-sur-Loire pour en chasser Perrinet Gressart. Après un mois, le siège est abandonné. Pour Noël, Jeanne a regagné Jargeau à la suite de l'échec du siège
Jeanne d'Arc à la porte Saint-Honoré lors du siège de Paris de 1429, miniature extraite des Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne,
La capture à Compiègne
Les Bourguignons capturent Jeanne d'Arc lors du siège de Compiègne. Miniature extraite des Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne
Début 1430, Jeanne est conviée à passer la saison hivernale au château de La Trémoille à Sully-sur-Loire. Elle quitte le roi début mai, sans prendre congé, à la tête d'une compagnie de volontaires, pour venir au secours des habitants de Compiègne, assiégés par les Bourguignons et que le roi était prêt à laisser être massacrés. Elle réussit à entrer dans la ville, mais elle est capturée par des capitaines bourguignons, le bâtard de Wandonne et probablement Antoine de Bournonville lors d'une sortie aux portes de Compiègne le 23 mai 1430.
Elle est ensuite prisonnière du seigneur de ces capitaines bourguignons, Jean II de Luxembourg-Ligny. Elle essaie de s'échapper par deux fois, mais échoue. Elle se blesse même sérieusement en sautant par une fenêtre au château de Beaurevoir.
Transférée dans diverses prisons où elle est de plus en plus maltraitée, elle est vendue aux Anglais le 21 novembre 1430, pour dix mille livres tournois, payées par les Rouennais, et confiée à Pierre Cauchon, évêque de Beauvais (diocèse où se situe Compiègne la ville où elle a été capturée) et allié des Anglais afin de la faire juger pour hérésie par un tribunal d’Inquisition et ruiner le sacre de Charles VII auquel elle a présidé. Les Anglais l'emmènent à Rouen ville où leur pouvoir est bien établi.
Le procès de Jeanne
Lors de son procès dans le château de Rouen qui dure du 21 février au 23 mai 1431, Jeanne d'Arc est accusée d'hérésie. Elle est emprisonnée dans une tour du château de Philippe Auguste à Rouen, dite plus tard « tour de la Pucelle ». Jugée par l'Église, Jeanne d'Arc reste néanmoins emprisonnée dans cette prison civile, au mépris du droit canonique.
L'enquête préliminaire commence en janvier 1431 et Jeanne d'Arc est interrogée sans ménagement à Rouen. Si ses conditions d'emprisonnement sont particulièrement difficiles, Jeanne n'a néanmoins pas été soumise à la torture, bien qu'elle en ait été menacée.
Le procès débute le 21 février 1431. Environ cent vingt personnes y participent, dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, dix délégués de l'université de Paris. Leurs membres sont sélectionnés avec soin. Lors du procès de réhabilitation, plusieurs témoignèrent de leur peur. Ainsi, Richard de Grouchet déclare que « c'est sous la menace et en pleine terreur que nous dûmes prendre part au procès ; nous avions l'intention de déguerpir. » Pour Jean Massieu, « il n'y avait personne au tribunal qui ne tremblât de peur. » Pour Jean Lemaître, « Je vois que si l'on n'agit pas selon la volonté des Anglais, c'est la mort qui menace. »
Tour Jeanne-d'Arc, donjon du château de Philippe Auguste à Rouen
Jeanne d'Arc présentée à son juge rouennais, l'évêque Pierre Cauchon, entouré de ses assesseurs.
Lettrine U ornée,
Une dizaine de personnes sont actives lors du procès, tels Jean d'Estivet, Nicolas Midy et Nicolas Loyseleur. Mais les enquêteurs, conduits par l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon, ne parviennent pas à établir un chef d'accusation valable [réf. nécessaire]
Le tribunal lui reproche par défaut de porter des habits d'homme, d'avoir quitté ses parents sans qu'ils lui aient donné congé, et surtout de s'en remettre systématiquement au jugement de Dieu plutôt qu'à celui de « l'Église militante », c'est-à-dire l'autorité ecclésiastique terrestre. Les juges estiment également que ses « voix », auxquelles elle se réfère constamment, sont en fait inspirées par le démon. Soixante-dix chefs d'accusation sont finalement trouvés, le principal étant Revelationum et apparitionum divinorum mendosa confictrix (imaginant mensongèrement des révélations et apparitions divines). L’université de Paris (Sorbonne), rend son avis : Jeanne est coupable d'être schismatique, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d'hérésie, errante en la foi, blasphématrice de Dieu et des saints.
Jeanne en appelle au Pape, ce qui sera ignoré par les juges.
« Sur l'amour ou la haine que Dieu porte aux Anglais, je n'en sais rien, mais je suis convaincue qu'ils seront boutés hors de France, exceptés ceux qui mourront sur cette terre. » — Jeanne d'Arc à son procès (le 15 mars 1431)
Jeanne sur le bûcher
Après une mise en scène destinée à l’effrayer au cimetière Saint-Ouen, elle signe une cédule d’adjuration. Mais contrairement à ce qui lui a été promis elle n’est pas conduite en prison d’Eglise et sans doute à la suite de manœuvres de ces geôliers reprend l’habit d’homme. Le tribunal déclare alors Jeanne d'Arc « relapse » (retombée dans ses erreurs passées), la condamne au bûcher et la livre au « bras séculier ».
Le 30 mai 1431, après s'être confessée et avoir communié, Jeanne en tunique de toile soufrée est conduite vers neuf heures, sous escorte anglaise, dans la charrette du bourreau Geoffroy Thérage, place du Vieux-Marché à Rouen où l'on a dressé trois estrades : la première, pour le cardinal de Winchester et ses invités, la seconde pour les membres du tribunal civil représenté par le bailli de Rouen Raoul le Bouteiller ; la troisième, pour Jeanne et le prédicateur Nicolas Midi, docteur en théologie.
Après le prêche et la lecture de sa sentence, les soldats conduisent Jeanne d'Arc au bûcher dressé en hauteur sur une estrade maçonnée pour qu'elle soit bien vue.
Le cardinal de Winchester a insisté pour qu'il ne restât rien de son corps. Il désire éviter tout culte posthume de la « pucelle ». Il a donc ordonné trois crémations successives :
- La première voit mourir Jeanne d'Arc par intoxication par les gaz toxiques issus de la combustion, dont notamment le monoxyde de carbone. Le bourreau écarte les fagots, à la demande des Anglais qui craignent qu’on ne dise qu’elle s’est évadée, pour que le public puisse voir que le cadavre déshabillé par les flammes est bien celui de Jeanne.
- La seconde crémation dure plusieurs heures et fait exploser la boîte crânienne et la cavité abdominale dont des morceaux sont projetés sur le public en contrebas, laissant au centre du bûcher les organes calcinés à l'exception des entrailles et du cœur (organes plus humides brûlant moins vite) restés intacts.
- Pour la troisième, le bourreau ajoute de l'huile et de la poix et il ne reste que des cendres et des débris osseux qui sont dispersés, à quinze heures, par Geoffroy Thérage dans la Seine (non pas à l'emplacement de l'actuel pont Jeanne-d'Arc, mais du pont Mathilde, jadis situé près de l'emplacement de l'actuel pont Boieldieu) afin qu'on ne puisse pas en faire de reliques ou des actes de sorcellerie.
Jeanne d'Arc au bûcher de Hermann Anton Stilke. Représentation erronée : elle était enfermée à l'intérieur du bûcher (seuls son buste et sa tête émergeant), sur un échafaud de plâtre surélevé
La réhabilitation de Jeanne
Isabelle Rommée (agenouillée et vêtue de noir) et ses deux fils devant le grand inquisiteur de France, Jean Bréhal (de dos, au premier plan).
Inspiré par la Trinité (représentée dans le coin supérieur droit), le pape Calixte III (assis sur le trône pontifical) autorise le procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, Manuscrit de Diane de Poitiers, XVIe siècle
Peu après avoir repris Rouen, Charles VII publie, le 15 février 1450, une ordonnance disant que « les ennemis de Jeanne l'ayant fait mourir contre raison et très cruellement », il veut savoir la vérité sur cette affaire. Mais il faut attendre que Calixte III succède à Nicolas V pour qu'un rescrit papal ordonne enfin, en 1455 et sur la demande de la mère de Jeanne, la révision du procès.
Le pape a ordonné à Thomas Basin, évêque de Lisieux et conseiller de Charles VII, d'étudier en profondeur les actes du procès de Jeanne d'Arc. Son mémoire est la condition juridique du procès en réhabilitation. Celui-ci aboutit à casser le premier jugement pour « corruption, dol, calomnie, fraude et malice » grâce au travail de Jean Bréhal, qui enregistre les dépositions de nombreux contemporains de Jeanne, dont les notaires du premier procès et certains juges.
Le jugement, prononcé le 7 juillet 1456, déclare le premier procès et ses conclusions « nuls, non avenus, sans valeur ni effet » et réhabilite entièrement Jeanne et sa famille. Il ordonne également l'« apposition [d'une] croix honnête pour la perpétuelle mémoire de la défunte » au lieu même où Jeanne est morte. La plupart des juges du premier procès, dont l'évêque Cauchon, sont morts entre-temps.
Aubert d'Ourches, ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, comparaît à Toul comme vingt-huitième témoin, voici sa déposition du 14 février 1456 lors de la neuvième séance :
« La Pucelle me parut être imbue des meilleures mœurs. Je voudrais bien avoir une fille aussi bonne… Elle parlait moult bien. »
La canonisation
Jeanne d'Arc est béatifiée par un bref daté du 11 avril 1909 puis une cérémonie tenue le 18 avril 1909. Elle est ensuite canonisée le 16 mai 1920. Sa fête religieuse est fixée au 30 mai, jour anniversaire de sa mort.
Le Saint-Siège souhaite se réconcilier avec la République française après la Première Guerre mondiale. Benoît XV qualifie ainsi le pays de « Mère des saints » consécutivement aux procès de canonisation de plusieurs religieux français, et notamment celui de Bernadette Soubirous. Cette conjecture politique se maintient sous Pie XI : dans sa lettre apostolique Galliam, Ecclesiæ filiam primogenitam datée du 2 mars 1922, le nouveau pape proclame Jeanne d'Arc sainte patronne secondaire de la France tout en réaffirmant la Vierge comme patronne principale. L'incipit du document pontifical pare également l'Hexagone du titre traditionnel de « fille aînée de l'Église ».